Un peu plus de cinq mois de mariage et tout se casse la gueule. Depuis trois jours, c'est l'enfer. J'en prends plein la figure. Franck me déteste de nouveau, il me hait, ma seule présence, calme, immobile, suscite en lui les pires méchancetés. Il me reproche de ne pas parler, éternelle rengaine, et quand j'ouvre la bouche, il me casse.
Et puis il y a la maladie. Je rappelle que Franck est schizophrène. Il saisi parfois des choses au vol, même si ça ne le concerne pas et ces choses s'ancrent en lui, au plus profond de son cerveau. Une idée, une parole, deviennent des convictions inébranlables.
Franck est persuadé que j'ai couché avec Gwen, ou que je veux coucher avec lui et lui avec moi. Cela dure comme ça depuis des années. Parfois, quand il n'en parle pas pendant longtemps, je crois qu'il a compris, mais ça finit toujours par ressortir, sans que je ne vois rien venir. Et ses réactions commencent à me faire peur. Dieu seul sait ce qui peu lui passer par la tête.
Gwen aussi est schizophrène et avoue que s'il n'avait pas de médicaments, il serait peut-être un danger pour lui-même ou pour les autres. Grâce à son traitement, il contient sa colère et son agressivité. Et depuis 12 ans que je le connais, il n'a jamais eu de copine. Franck prétend avoir vu Gwen faire des gestes obscènes dans mon dos et que si je n'ai rien vu, c'est soit parce que je mens, soit parce que je ne suis pas très maligne. Je trouve que cela prend une mauvaise tournure.
Aussi, samedi matin, Franck a recontacté Odile, et ça l'a retourné comme une crêpe. Ensuite, hier et aujourd'hui, ils se sont appelés. ça m'a un peu fait chier, mais je n'ai rien dit. Mais c'est de cet échange, samedi matin, que le cerveau de Franck est parti en vrille et qu'il a commencé à me faire la gueule et tout un tas de reproches méchants et incompréhensibles.
Ce matin, c'était très difficile, à peine levée, j'en prenais déjà pour mon grade. Chaque fois, j'essaye de ne pas envenimer la situation, j'essaye de rester calme et ça l'exaspère encore plus. Il ne supporte plus ma présence.
Le voilà qui se réveille de sa sieste, je quitte.