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Journal de Stef - Page 2

  • Lundi

     

              Je me fais bien chier aujourd'hui. Je suis restée collée au pc (qui ne m'appartient même pas, c'est celui de Franck, le mien est tombé en panne il y a peu) toute la journée. J'ai vu les infos, ensuite des documentaires intéressants sur Canal+Docs, un peu de tennis sur Eurosport, puis du snooker. Là, je regarde un film (Little Miss Sunshine), et ce soir, il y aura encore du tennis.

              L'ambiance est plutôt lourde avec Franck. Philippe est passé dans l'après-midi récupérer un truc. Il puait comme jamais, et Franck n'en finissait plus de lui lécher le cul. Tu veux un café ? Tu veux un deuxième café ? Un troisième ? Tu veux un yaourt ? Un deuxième yaourt ? Tu veux que je te mette la télé ? Tu veux regarder quoi ?? Tu veux ci ? Tu veux ça ? Il lui a demandé de se laver les mains. Philippe a rechigné, Franck a insisté. Il s'est essuyé les mains avec le torchon à vaisselle qui est sans doute foutu car c'est de la merde qu'il avait sur les doigts. Et il s'est barré rapidement car il ne pouvait pas fumer.

              J'avoue que je ne comprends pas Franck. Je ne suis pas parfaite, c'est vrai, mais j'ai toujours été gentille et sympa avec lui. Et c'est à moi qu'il fait des misères. Pareil pour Gwen. Franck ne veut plus le voir, pourtant, lui aussi s'est toujours montré sympa, correct et poli (et propre...). Franck préfère Philippe qui ne lui décroche pas un mot. Non, je ne comprends pas.

              D'autant qu'il va se retrouver bien seul sans moi et sans Gwen. Il ne reverra peut-être jamais Nicolas, toujours hospitalisé, plus mal que jamais. Il n'a personne à part Philippe et sa mère, qui va avoir le champ entièrement libre désormais. Son père habite loin et s'en fout un peu de lui. Il a sa vie, ailleurs, il n'est que peu concerné par les problèmes de Franck. Leur relation consiste en de rapides coups de fil, la plupart du temps à l'initiative de Franck, sans la moindre consistance. Et des vidéos d'humour échangées sur WhatsApp.

              D'ailleurs, ce sont les trois appels que Franck, en mal de conversation, a passé cet après-midi. Son père, Philippe et sa mère. Il a évoqué le divorce avec ses deux parents, qui n'en avaient rien à foutre.

              Ce matin, il a quand même essayé de me récupérer. Il m'a proposé qu'on vive ensemble sous le même toit, mais sans être ensemble. Arf ! Il a dit aussi qu'il se voyait mal vivre seul. Tant pis pour lui. En gros, il voulait dire : je ne t'aime pas, je ne veux pas être en couple avec toi, mais j'aime tous les services que tu me rends sans rien demander en échange. Je ne t'aime pas, je ne t'apporterai jamais rien de bon pour toi, mais j'aime que tu exécutes toutes mes volontés sans rien dire. Voilà ce qu'il me proposait ce matin. Il a compris, par mon manque flagrant d'enthousiasme, que je n'étais pas d'accord.

              Il y a un studio pas trop mal et dans mes prix, pas très loin d'ici. Seulement voilà, pour le moment je suis bloquée par un changement de forfait téléphonique qui va prendre quelques jours. Je ne peux pas postuler. Je ne peux ni appeler, ni recevoir des appels. J'espère que le studio va m'attendre.

              Du positif ? J'en ai. Je ne fume plus et je ne bois plus d'alcool. Vape et tisane. :)

              Pour finir cette longue note, il y a peu, j'ai fait trois rêves, dans lesquels j'étais aimée. Des gens m'aimaient, je ressentais leur amour et c'était tellement bien ! Cela arrivera-t-il un jour dans la réalité ?

  • Dimanche

     

              Séparation, divorce, c'est sur ces mots que se terminent ce dimanche et cette semaine difficile. C'est plutôt une bonne chose. Je précise que c'est Franck qui a lâché ça le premier, et je ne peux qu'acquiescer. Moi, je n'aurais pas pu le dire, ça me fout trop la trouille de prendre ce genre de décision. Enfin, voilà, c'est dit. Vous vous en doutez, si j'avais su, je ne me serais pas mariée. Pas grave.

              Je suis partagée entre plusieurs sentiments. Le soulagement, d'abord. Ensuite, la trouille de ce qui m'attend. Et enfin, un sentiment indicible sur la période qui s'ouvre devant nous. Comment allons-nous cohabiter entre maintenant et le moment où je vais partir ? Comment allons-nous nous supporter ? Comment Franck va-t-il se comporter avec moi dans les jours à venir ?

              Il se peut aussi qu'après réflexion, il change d'avis. Ce ne serait pas la première fois qu'il me fait ce coup-là. Et que je me laisse embarquer une fois de plus. Et si c'était le cas, ce serait désespérant.

  • Jeudi

     

              Comme prévu, je suis allée chercher Franck à l'hôpital vendredi matin. Je suis partie de bonne heure, pensant que ça lui ferait plaisir, tout comme l'appartement tout propre qui l'attendait. L'après-midi, veille de jour férié, je suis allée à la pharmacie chercher tous les médicaments dont il avait besoin. Le soir, une infirmière est passée en coup de vent lui expliquer comment faire sa piqûre d'insuline tous les soirs, ainsi que le protocole établi à l'hôpital pour mesurer sa glycémie. Elle passera régulièrement pendant un certain temps.

              Samedi et dimanche, rien à signaler, à part une nuit blanche pour Franck entre vendredi et samedi. Il a maintenant un masque relié à une machine pour dormir, et ce n'est pas évident.

              Lundi après-midi, comme Franck s'agitait comme un lion en cage, nous sommes même sortis marcher un petit quart d'heure. Pas plus car il n'a vraiment pas l'habitude de faire de l'exercice et il a vite eu mal aux jambes. En tout cas, il semble avoir moins mal au dos.

              Mais voilà, depuis mardi matin, c'est l'enfer. L'atmosphère est irrespirable et une fois encore, je me demande ce que je fais ici, avec cet homme, qui ne montre pas la moindre reconnaissance envers tout ce que je fais pour lui depuis si longtemps. Qui me reproche des choses sans importance et me traite comme sa bonniche.

              Hier après-midi, je l'ai emmené chez le généraliste. Là-bas, il a appris que sa mère avait appelé ce dernier et qu'il avait refusé l'appel. On ne sait pas ce qu'elle voulait dire au médecin, mais elle n'a rien dit à Franck sur le sujet. Encore une fois, elle se mêle de ce qui ne la concerne pas et se montre intrusive, comme d'habitude.

              J'en ai marre de ces deux-là, et en plus, j'habite chez eux ! :/

  • Mercredi

     

              Franck sort de l'hôpital vendredi matin. J'irai le chercher en voiture.

              L'infection pulmonaire a été soignée, mais il souffre désormais de "bronchopathie obstructive". Les bronches sont foutues. Il a un traitement et verra régulièrement un pneumologue.

              Mais le plus gros morceau, c'est le diabète. Type 2, insulino-dépendant comme l'évoquait Marie dans son commentaire. Cela dit, ce n'est pas insurmontable, il suffit de manger équilibré, en évitant le sucre qui se cache un peu partout.

              Franck a souvent sa mère au téléphone, qui se montre insupportable comme jamais. Elle se mêle de tout et se montre particulièrement pessimiste sur notre capacité à gérer notre alimentation. Mais elle est loin pour un bon moment encore et c'est tant mieux !

              Aujourd'hui, je ne suis pas allée à l'hôpital. J'ai fait du ménage en regardant le tennis (nous avons de nouveau Eurosport gratuitement), et Hélène vient demain. Un appartement tout propre pour le retour de Franck.

              

  • Jeudi

     

              Finalement, je suis allée à l'hôpital lundi, mardi et mercredi. Aujourd'hui, je me repose et ça fait du bien de souffler un peu.

              En plus des poumons abîmés, Franck est désormais officiellement diabétique. Mais il va beaucoup mieux. Cet après-midi, il sort des soins intensifs pour une chambre ordinaire en médecine. Il ne sera plus cloué dans son fauteuil, branché de partout, et pourra se promener dans l'hôpital. Demain, je retourne le voir et nous pourrons peut-être boire un café à la cafétéria.

              Tout va devoir changer à la maison. Fini la clope, l'alcool, la malbouffe et l'inactivité. Franck était un champion dans tous ces domaines ! Et moi aussi, dans une moindre mesure.

              Ce soir, j'appellerai Gwen pour lui proposer d'aller voir Franck avec moi samedi après-midi.

  • Lundi

     

              Franck n'est pas sorti de l'hôpital. Il a seulement changé de chambre, passant de soins intensifs à soins moins intensifs. Et son appareil pour dormir ne concerne pas seulement l'apnée du sommeil. C'est aussi pour l'aider à respirer quand il dort. Pour le moment, il échappe à la bouteille d'oxygène à trimballer partout.

              Il y a aussi cette histoire de diabète. Nous ne savons pas grand-chose à ce sujet. 

              En une semaine, Franck a perdu 10kg. Et il a très bonne mine !

              Des nouvelles de sa mère. Elle devrait rester plus longtemps que prévu dans sa clinique de rééducation. Tant mieux. Je suis vraiment soulagée de ne pas l'avoir dans les pattes en ce moment ! Demain, je ne vais pas voir Franck, mais je dois passer chez elle relever le courrier et aussi déposer une bouteille de pastis qu'il avait achetée avant de finir à l'hôpital. Il n'y a pas que la clope, l'alcool aussi, c'est terminé.

              A part ça, il s'ennuie. Il regarde la télé et il écoute la radio.  S'il supporte bien l'appareil pour dormir, il sera transféré dans un autre service. Ou bien il sortira, qui sait ?

              Voilà, c'étaient les nouvelles du jour !

  • Dimanche

     

              Finalement, il se pourrait que Franck sorte de l'hôpital dès demain. Cela dépendra du médecin. Il aura un appareil pour la nuit car il fait de l'apnée du sommeil.

              L'un comme l'autre, nous appréhendons un peu son retour à la maison. Il va falloir changer pas mal de nos (mauvaises) habitudes. Tabac, alcool, nourriture, sédentarité, nous avions tout faux. Il va falloir tout changer. Et ça ne va pas se faire tout seul.

              Malgré tout, j'ai passé une semaine pas trop mauvaise. Je savais que Franck était entre de bonnes mains et je suis allée le voir souvent. Mais quand je rentrais à la maison et que je me retrouvais seule, c'était un peu comme des vacances. C'était reposant, faire ce que je voulais, aller à mon rythme.

              Je suis contente du fait que nous ne verrons plus Philippe. Avec cette infection pulmonaire, c'est Franck qui a fini par craquer.

              Aussi, nous ferons peut-être quand même un petit réveillon pour le jour de l'An, avec Gwen.

              C'est tout pour le moment !

  • Vendredi

     

              Franck va bien. Il devrait sortir du service de réanimation ce week-end, puis être admis en pneumologie la semaine prochaine. Je suis allée le voir jeudi, aujourd'hui je me suis un peu occupée de l'appartement, et demain je retourne à l'hôpital.

              En plus des poumons, il est aussi question de diabète. Je n'en sais pas plus pour le moment.

              Franck a eu Philippe au téléphone hier. Et il lui a dit qu'il ne serait plus possible de se voir comme avant parce que ce dernier est trop crade. C'est un nid à virus et à bactéries ambulant. Et cela ne s'arrangera pas. Il n'a toujours pas fait déboucher sa baignoire, ni ses toilettes, il est dégueulasse de la tête aux pieds et il ne fait rien pour y remédier. Il ne le fera jamais.

              Aussi, nos parties de trivial du samedi avec Gwen, c'est fini. Tout comme nos réveillons du jour de l'An. Je ne crois pas que nous ferons la fête cette année. C'est dommage pour Gwen.

              Beaucoup de choses vont changer. 

  • Mercredi

     

              Des nouvelles. Franck souffre d'une infection pulmonaire. Comme je l'ai déjà dit, il se plaignait de grosses douleurs, surtout au poumon droit, depuis plusieurs années. C'était un foyer infectieux, et non pas une tumeur comme il le craignait. Il va désormais être suivi par un pneumologue. Et bien sûr, plus jamais une seule cigarette.

              Je retournerai le voir demain. Aujourd'hui, je me repose. J'ai mangé et ça m'a fait du bien car je n'avais presque rien avalé depuis le départ de Franck avec les pompiers.

              J'ai téléphoné à Hélène. Elle viendra la semaine prochaine.

              Aussi, la mère de Franck vient de m'appeler. Nous avons bavardé un peu. Elle m'a aussi parlé d'un email du syndic de copropriété, au sujet de cambriolages qui ont eu lieu récemment dans la résidence. En effet, la semaine dernière, notre voisine de palier a été "visitée", en pleine journée, alors qu'elle était en train de faire la sieste (elle a 92 ans). Elle s'est réveillée alors que les voleurs étaient encore dans son appartement. Il se sont sauvés en emportant de l'argent et des bijoux. Ils ont réussi à ouvrir la porte pourtant blindée. Je ne suis pas très rassurée, d'autant plus qu'en ce moment, je suis seule ici.

  • Mardi

     

              Finalement, j'ai réussi à réinitialiser le nouveau téléphone de Franck et à entrer ses contacts. Je le lui ai apporté cet après-midi et ça marche. Hier, sa mère a appelé son père pour lui dire que Franck était hospitalisé. Je précise que ses parents ne peuvent pas se voir en peinture. Son père n'était pas content du tout d'apprendre que Franck fumait encore alors qu'il croyait qu'il avait arrêté depuis longtemps. Mais bon, maintenant, c'est fait.

              Franck était mieux aujourd'hui. Toujours relié aux machines, mais assis et non pas couché comme hier. Aussi, il a pu manger un peu. Il est au régime sévère. Il pesait 129,5kg en entrant à l'hôpital. Aujourd'hui, 126kg.

              Il était vraiment content de me voir. Je ne pourrai pas faire l'aller-retour comme ça tous les jours, mais au moins, maintenant, il a son téléphone en état de marche. Demain, au calme, je pourrai me reposer un peu de l'agitation de ces derniers jours. Seulement prévenir Hélène qu'elle ne vienne pas vendredi pour le ménage car je préfère être un peu seule.

              Heureusement que ma belle-mère est loin, sinon, je l'aurais eue sur le dos tous les jours.