Je me suis réveillée un peu la boule au ventre, me demandant comment allait se passer la journée. J'arrive dans le salon, Franck m'adresse un "salut" peu enjoué. Je réponds la même chose, sur le même ton. Ensuite, je m'installe comme hier devant mon ordi, avec mon café, sans un mot, ni d'un côté, ni de l'autre. Enfin, il finit par m'asséner : "tu peux te chercher un appart, Stéphanie". J'ai répondu : "ouais, ouais", et je suis retournée à mon café et à mon silence.
Plus tard, coup de sonnette. J'ai cru que c'était sa mère qui débarquait. Non, c'était Philippe et Nicolas. Nous n'avions pas revu ce dernier depuis que nous l'avions hébergé avec sa copine en 2019. Ce sont les deux seuls copains de Franck, schizophrènes comme lui. Ils sont restés un moment, le temps de boire une bière.
Philippe était dans un état de crasse indescriptible et Nicolas n'était guère mieux. Et tous les deux dégageaient une odeur insoutenable qui a persisté dans la pièce même après leur départ. Pour la conversation, Philippe n'a pas prononcé le moindre mot, tandis que Nicolas déblatérait tout seul son éternel discours, avec les mêmes vieilles histoires depuis des années. Même Franck ne pouvait pas en placer une. Il n'y avait aucun échange, aucune communication. Voilà donc ses copains. Je crois que ça lui a fait un choc de voir Nicolas dans cet état. Il l'avait de temps en temps au téléphone, mais il ne s'attendait pas à le voir dans un tel état physique.
Puis, quand ils sont partis, l'ambiance s'est un peu détendue. Et Franck me dit : " Bon, on ne va pas se désolidariser". En gros, il a certainement réfléchi et n'est pas très à l'aise avec l'idée de se retrouver seul avec sa mère et ses deux seuls copains.
Je ne l'ai pas détrompé, mais j'ai bien l'intention de partir quand même. Hier soir, je me suis renseignée sur les démarches à effectuer lorsqu'on se retrouve sans-abri, l'hébergement d'urgence. Il faut appeler le 115, et de là, on peut rencontrer les travailleurs sociaux qui vont vous accompagner. J'espère ne pas en arriver là, mais s'il le faut...
Bon, tout ça pour dire que, comme toujours, Franck voudrait se débarrasser de moi, mais pour le moment, je suis encore bien trop utile ! Il s'est ravisé. L'atmosphère sera peut-être un peu moins tendue. Hé hé, il a quand même trouvé le moyen de me dire qu'hier soir, je n'avais pas fait la vaisselle... Sans commentaire.
Commentaires
Je ne pense pas qu’il te mettra à la porte, mais c’est mieux de te renseigner effectivement.
Tu fais tellement de choses pour lui, qui les ferait si tu pars? Et sa mère doit bien s’en rendre compte aussi.
Cela te laisse du temps pour continuer à te renseigner.
Bon courage!
Je me renseigne aussi sur l'hébergement d'urgence car je pourrais bien partir du jour au lendemain, d'un gros ras-le-bol. Du genre, j'entasse toutes mes affaires (je n'ai pas grand-chose) dans la voiture et tchao, bon vent !! Une façon de régler le problème immédiatement. Mais bon, ça doit être bien galère d'être sans domicile, alors j'essaie de ne pas en arriver là.
Toutes ces choses que je fais pour lui, qui les ferait si je pars ? J'ai plutôt envie de dire : qui les fera quand je serai partie ?
Quant à sa mère, elle sait surtout que si je pars, elle aura le champ libre. D'ailleurs, si elle peut dire que je le tire vers le bas, c'est qu'elle n'a rien compris à la situation. Je lui souhaite bien du courage pour s'occuper de Franck qui est assisté dans tous les domaines. Si elle s'en rend compte ou non, ce n'est pas mon problème !
Merci pour ton commentaire, des bises,
Pfiou, quelle déchéance, ces deux "amis", ça fait peur. Et peut-être que Franck a pris peur de devenir comme eux, le jour où tu ne seras plus là pour lui faire son ménage et sa vaisselle. A ce moment-là, la belle-mère se rendra aussi compte à quel point du tirais Franck "vers le bas". Car oui, il pourrait bien tomber encore plus bas que le vautrage perpétuel sur le canapé! En tout cas, bravo pour toutes tes démarches. Je croise les doigts pour qu'une belle opportunité se présente bientôt. Toi, tu te diriges vers le haut. des bises!
Oui, la déchéance, comme tu dis. Philippe et Nicolas ressemblent à des clochards alors que pourtant, tous les deux sont pleins aux as, suite à des héritages. Ils mangent au resto tous les jours. Je ne sais pas comment on les laisse entrer dans cet état.
Et pour Franck, je ne sais pas comment il vivrait si je n'étais plus là (quand je ne serai plus là !). Sa mère s'occuperait de lui mais elle n'est pas éternelle. Et son père non plus. L'argent, ça ne fait pas tout, il n'y a qu'à voir Philippe et Nicolas.
Voilà, pour le moment, je me prépare tranquillement à partir, je réfléchis, je me renseigne, je me prépare même à vivre dans ma voiture s'il le faut.
Merci pour ton soutien, bises à toi,