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Jeudi, suite

 

          Quand j'ai rencontré Franck, au CATTP en 2013, j'étais au fond du trou, dans le désespoir et la solitude les plus profonds. J'étais totalement seule depuis quatre ans. Pas de famille, pas d'amis, pas de copain, au chômage... Je touchais le fond du fond.

          Profondément dépressive. C'est pourquoi, quand il s'est intéressé à moi (pour le sexe, je n'étais pas trop farouche à l'époque), je me suis vite accrochée à lui. J'ai vite été déçue quand j'ai constaté qu'il n'y avait que cela qui l'intéressait chez moi. Mais j'aurais fait n'importe quoi pour ne pas retomber dans ma solitude.

          A cette époque aussi, j'ai commencé à voir une psychiatre, celle qui m'a aiguillée vers le CATTP. Elle m'a prescrit des médicaments qui m'ont beaucoup aidée. Maintenant, j'ai un traitement stable qui me convient très bien.

          Aussi, j'ai un nouveau psychiatre. Il est très bien, très gentil et de bon conseil. Juste un peu loin, je dois prendre la voiture pour le voir.

          Au début, je lui ai parlé de mon problème de déglutition qui m'empêche d'avaler des comprimés, m'empêche même de manger normalement. Il m'a regardée et m'a dit : "qu'est-ce qui vous reste en travers de la gorge ?". J'ai répondu que je ne savais pas.

          C'était au tout début. Mais finalement, je crois savoir. C'est le comportement de Franck à mon égard qui me reste en travers de la gorge. Et notamment une chose.

          Pour celles et ceux qui étaient déjà là à cette époque, rappelez-vous que quand j'ai connu Franck, il était plus ou moins en couple avec Odile et que son ex-compagne était aussi sur le coup. Tout cela était très instable. Mais un jour, nous étions chez moi et nous venions de "baiser", il m'a regardée droit dans les yeux et m'a lâché : "Tu vois, Odile, j'ai de l'affection pour elle, alors que toi, je ne t'aime pas". J'ai essayé de faire bonne figure, mais en fait, j'étais dévastée, totalement déconfite. 

          Je crois que depuis ce jour, nos rapports n'ont absolument pas évolué. Il ne m'aime pas, il me l'a dit dès le début, et je me suis accrochée quand même. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je croyais qu'avec le temps, il changerait d'opinion à mon égard. Mais non, même après dix ans, il ne m'aime toujours pas. C'est pourquoi je vais partir.

          Je n'ai plus peur d'être seule. Au contraire. En 2009, quand je me suis retrouvée seule, je n'avais pas choisi. Maintenant, c'est différent.

          Et puis, j'ajoute une dernière chose. Au début, je ne voulais pas vivre avec Franck. Je croyais que nous pourrions vivre chacun chez soi, sans être continuellement ensemble. Trouver un équilibre. Mais Franck ne supportait pas d'être seul chez lui. Il lui faut un public. Un jour, je lui ai dit que j'allais passer le week-end tranquillement chez moi. On se voyait déjà toute la semaine. J'avais l'intention de m'occuper de moi, de mon chez-moi. Et le week-end est arrivé. Il m'a appelée et m'a demandé s'il pouvait venir. Ça me faisait chier mais j'ai quand même dit oui. Parce que je savais que si j'avais dit non, il serait allé chez Odile. Odile, pour laquelle "il avait de l'affection, alors que moi, il ne m'aimait pas". J'ai cédé et pour cela aussi, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Depuis ce jour, on ne s'est plus quitté. Et j'ai perdu toute tranquillité, toute intimité.

          J'ai besoin d'être un peu seule parfois, de me retrouver, de réfléchir au calme, de faire des trucs qui ne regardent que moi. Depuis ce jour, je n'ai plus jamais été tranquille.

Commentaires

  • Quelle évolution depuis toutes ces années.
    Je me souviens du temps où tu vivais dans ce petit appartement avec ce voisin odieux et ta peur d'être seule.
    Aujourd'hui, je te sens tellement prête à reprendre ta liberté.
    Dis-toi que vivre seule ne signifie pas vivre dans la solitude. C'est ne pas dépendre de quelqu'un (de son avis) pour faire ce qui nous fait envie..
    Poursuis tes recherches, prend contact avec le CCAS et le jour où tu es prête, ne regarde pas derrière.
    AVANTI !

  • Oui, j'ai évolué. Peut-être pas matériellement, mais surtout mentalement. Oui, il y avait mon affreux voisin qui me terrorisait (il m'a menacée de viol, les flics m'ont dit : "Ce sont les plus gênés qui s'en vont").

    Je n'ai plus peur d'être seule, de toute façon, je le suis déjà. Mais maintenant, je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas.

    Pour le reste, il suffit d'un pas. Que je me décide à dire à Franck : "Je pars". Quitte à vivre dans ma voiture. Je suis prête.

    Yallah ! En avant !!

    Merci, Melounette, bon week-end !

  • J’espère de tout cœur que tu vas continuer tes démarches et ne pas te décourager. C’est difficile de vivre seule quand on a peur de la solitude mais tu pourras rencontrer d’autres personnes et surtout te sentir libre. La mère de Franck devra s’occuper plus de son fils et elle te regrettera!!

  • Bien sûr que je vais continuer mes démarches ! Je suis bien décidée à partir, il n'y a pas de retour en arrière possible.

    Je n'ai plus peur d'être seule, au contraire. Comme je le disais à Melounette, de toute façon, je le suis déjà, ça ne changera pas grand-chose de ce côté là.

    Et puis, en effet, je pourrai rencontrer d'autres personnes.

    Quant à sa mère, je lui souhaite bon courage !!

    Merci pour ton commentaire, passe un bon week-end !

  • Je me souviens de tout ça. Est-ce que ce problème de déglutition a disparu finalement ?

  • Non, ça ne s'est pas arrangé. Je ne peux avaler aucun comprimé, même petit, je suis obligée de les dissoudre dans un verre d'eau.

    Et je ne peux pas manger comme je le voudrais.

  • Mouais, on dirait que ça continue à te rester en travers de la gorge.

  • Parfois, je me dis que quand j'aurai quitté Franck, ce problème disparaîtra comme par magie !

  • Ce serait génial, mais parfois c'est plus compliqué. Il y a peut-être d'autres choses qui te restent en travers de la gorge ...

  • Oui, ce serait génial que cela disparaisse comme c'est venu. Depuis le temps que je traîne ce problème ! Mais le plus compliqué, c'est que les gens ( Franck, sa mère... ) ne comprennent pas pourquoi je ne peux pas manger certains aliments. Et ils ne cessent de me proposer de manger. Sa mère surtout. Ils ne comprennent pas et du coup, je me sens bien seule avec mon problème.

    Enfin, oui, c'est compliqué.

    Bises,

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